Les 7 valeurs d'une union qui dure (Part 2/2)

Dans la première partie de cet article, nous avons abordé les 3 premiers thèmes qui peuvent être considérés comme sensibles pour les fondements d'une relation.

On part du principe qu'on veut être ensemble et surtout, on veut que ça marche. Ce n'est pas une chose évidente même si dit comme ça, on pourrait l'estimer d'une relative aisance.

Être sincère, avoir confiance et s'imaginer plus loin ensemble permet de construire de jolies choses. Ces choses augurées, suggèrent qu'on a eu la maturité nécessaire à faire un choix.

Or un choix, pour être vraiment considéré comme tel, nécessite d'être assumé. Assumer est d'ailleurs peut-être ce que nos aînés ont le plus échoué à nous transmettre. Je parle, ici, en tant qu'homme.

Et même si l'on se refuse à tout leur mettre sur le dos (comme c'est trop souvent le cas) il faut bien admettre que − pour une raison ou une autre, nous faillons dans cette rude tâche qu'est l'assomption de nos vies et des directions que nous leur donnons. En français moins chiant, on fonctionne encore trop comme des gamins. J'te jure.

4. LA RESPONSABILITÉ

Pour cette raison, parmi les exigences reléguées au second plan (voire à l'arrière-plan), nous considérons la responsabilité comme l'une des plus cruciales.

Le déficit en la matière fait peur. Vraiment. Il est effrayant, dans la génération qu'est la nôtre, de constater comme domine notre appréhension de l'engagement réel ainsi que le sens et les conséquences qu'il revêt. Cela révèle en soi, il faut bien le dire, la façon extrêmement désenchantée et superficielle dont notre génération perçoit la relation de couple mais cela montre aussi une incompréhension voire une méconnaissance des principes de base. Cet article n'est donc pas complètement inutile.

Quand on se met officiellement avec quelqu'un - en d'autres termes, sans se cacher du monde - on fait une sorte de déclaration sociale. Un peu comme lorsque vous changez votre statut sur facebook, de "célibataire" à "c'est compliqué" ou "en couple". Le monde le voit et doit donc en tirer les conséquences... ou pas.

La responsabilité correspond à tout ce qu'on fera dans la relation qui démontre un fonctionnement d'adulte et non celui d'un enfant. Ces choses impliquent la volonté d'exister par soi-même et de s'investir dans la relation. Cela comprend un large faisceau de possibilités, comme une chose aussi simple que le fait de pouvoir payer le resto, de s'installer ensemble ou pas, d'avoir des enfants, de définir un budget commun pour les vacances... De part et d'autre du couple, il est logique et légitime d'attendre un certain engagement matériel de la part de la personne que l'on a choisi.

Cet engagement matériel est aussi, forcément social. Être responsable est un critère majeur pour former un couple stable. Au risque d'avoir l'air vieux-jeu (chose que j'assume parfaitement), je pense qu'aucun homme ne devrait prétendre à la conquête d'une femme - aussi indépendante soit-elle - si il ne se sent ni capable ni en devoir de subvenir complètement au moindre de ses besoins matériels. Considérant cela, je crois que la correction du déficit du sens des responsabilités des hommes afro-descendants passent nécessairement par la résolution d'un certain nombre de questions ayant trait à la situation économique.

D'autres fois, les raisons ne sont simplement pas matérielles. Il est alors plus compliqué de diagnostiquer l'origine de ce qui peut mener quelqu'un à fuir la situation de couple.

Le couple pour beaucoup d'entre nous est encore appréhendé comme une sorte de prison (volontaire). Pas seulement parce que l'on a choisi de n'avoir qu'un(e) seul(e) partenaire (officiel...), mais aussi parce qu'on craint toujours de subir les humeurs et les moeurs de l'autre. Subir est le mot. Un déséquilibre ou pire la domination sont des craintes réelles pour certaines personnes.

La peur, le doute, le vécu, la famille, la culture, une histoire personnelle douloureuse voire tragique... Les raisons qui poussent quelqu'un à fuir le couple sont diverses et variées, mais la chose la plus saine et la plus logique à faire dans un tel cas, est de ne rien forcer. Il n'y a pas de sens à espérer quelqu'un qui court dans la direction inverse. Renoncer peut être aussi une marque de maturité.

Mais si cela vous est impossible, la première des clés est la patience.

5. LA SACRALITÉ

L'une des notions essentielles depuis longtemps tombée en désuétude est la sacralité.

Les hommes et femmes de notre génération se sont laissés influencer par les normes typiquement occidentales de la consommation que sont la rapidité, la facilité, la profusion et le gaspillage. Par conséquent nous peinons à imaginer l'exclusivité du partage entre deux seuls individus; nous ne pouvons concevoir véritablement une relation vécue avec 1 seule personne.

La majorité d'entre nous veut vivre l'amour, le vrai, l'authentique avec la bonne personne, le seul et unique élu(e) de notre coeur mais... Nous avons tellement peur de nous tromper que nous ne donnons pas tout d'un coup. Nous faisons l'économie de nos sentiments pour ne pas trop souffrir en cas de déception. Nous gaspillons des instants précieux avec lui ou elle, en pensant à d'hypothétiques possibilités avec d'autres. Nous refusons de nous engager vraiment pour demeurer dans l'attente d'un hypothétique grand amour. Une révélation. Un coup de foudre. Un coup du destin. Un coup de coeur.

Des conneries.

Ce que les nouvelles générations d'amants et d'amoureuses peinent à comprendre : C'est à eux-mêmes de faire le boulot.
Vous voulez vivre une histoire magnifique ? Écrivez-là. Vous êtes à la recherche de la perle rare ? Soyez le parfait écrin pour la recevoir. Vous attendez le grand et véritable frisson ? Il ne viendra peut-être pas. Les voyages qui durent sont souvent les plus longs et laborieux à préparer. Ils demandent le plus de boulot.

Je crois que nous devons cesser de rêver. Nous devons admettre la nécessité de faire des efforts vers plus de simplicité. Je ne dis pas que l'on doit abaisser ses standards. Je dis juste qu'il faut un peu mieux régler notre curseur. Vous devez admettre que le "boug" parfait n'existe pas. Non. Ou il est mort bien avant la dernière guerre. Nous pourrions tout aussi considérer la forte probabilité que la "go" parfaite a quitté la planète bien avant notre naissance. Que reste-t-il donc ? Des milliers de coeurs à la recherche d'une chose rare et précieuse qui au fond, se trouve déjà en eux.

Comment savoir si la personne qui vous plaît est la bonne ? À CE QU'ELLE VOUS INSPIRE. La bonne personne vous donne envie de faire plus... Mieux... D'aller plus loin. La bonne personne est celle qui vous donne envie de changer vos habitudes. De vous améliorer. Elle appelle ou suscite le meilleur de vous-même. La personne que vous attendez est parfois déjà là mais vous préférez donner la priorité à celui doté d'une tablette de chocolat ou encore à celle dont la silhouette forme un 8... Souvent, on ressent même un véritable combat entre la tête (le bas du ventre en réalité) et le coeur.

Dans ce conflit, c'est le coeur qui a raison. Et si il venait à se tromper (mais cela arrive rarement), on ne regrette jamais, pour autant, d'avoir écouter son coeur. Même quand il s'est gouré ! Parce que le coeur est le centre de notre être, tout comme nous il évolue. Il apprend et grandit. Jetez votre vieille liste de critères de l'homme idéal ou de la superwoman. Entrez dans le monde de la maturité.

La bonne personne est celle dont vous chérissez les moments partagés. Ces instants sont toujours différents, ils ressortent dans votre quotidien. Quand vos journées sont grises, ces minutes ou ces heures passées avec lui/elle sont bizarrement colorées de rires, de défis et d'excitations. Le temps n'existe plus vraiment. Dans une existence assez monotone et triste, la personne qui vous rend le monde plus intéressant, plus beau, plus vivant, ou simplement plus vivable est généralement celle qu'il vous faut. N'hésitez donc pas trop longtemps.

La bonne personne est celle qui rend les choses les plus banales, sacrées. Et tant qu'avec cette personne, les choses insignifiantes prendront du sens et de l'importance, cela vaudra la peine d'essayer parce que c'est cela un couple. Le couple est un monde réel et subtil, sans frontière si ce n'est celles qu'il s'impose. Il existe car il est d'une simple et indéniable évidence. C'est un univers de potentialités et d'exclusivités qui n'appartient qu'à vous deux.

La sacralité du couple vient de ce langage intime qui ne naît que lorsque deux âmes se rencontrent vraiment. C'est bien plus qu'une attraction physique, je parle d'une alchimie spirituelle entre vous. C'est un contrat sans mot ni signature, un pacte scellé par un profond et indicible consentement du coeur. Pour cette raison, celui ou celle qui trahit cette chose sacrée - le sait toujours en lui-même. Quand le pacte est brisé, on le sait, on le sent. Il ne sert à rien de faire semblant.

Trop souvent, on veut créer en dehors du couple des situations et des émotions qui nous manquent. On cherche de l'affection ou de la complicité, de la communication ou de la liberté ailleurs parce qu'on ne la trouve pas là où on se trouve. C'est difficile, mais il faut savoir admettre quand ça ne va pas. Ce type de quête en est un signe clair.

La sacralité du couple est faite d'une formule d'exception composée de légitimité, d'exclusivité, de priorité et de réciprocité. C'est une flamme qui s'entretient aussi longtemps que possible et dont il faut savoir prendre soin contre les vents quotidiens. Lorsque tout cela cesse d'être partagé, le reste n'a tout simplement plus de sens.

La sacralité s'exprime par toutes ces petites attentions et ces grandes intentions qu'on ne peut véritablement réserver qu'à UNE SEULE personne à la fois, celle qu'on a choisi. Cette capacité à se consacrer vraiment à l'autre est un enjeu déterminant pour la pérennité et la survie de beaucoup de couples.

Or comment se consacre-t-on toujours avec plaisir à une personne qu'on connaît par coeur et comment faire durer cela ?

6. LA DISPONIBILITÉ

L'engagement dont on parle suppose selon nous, une chose qui mérite aujourd'hui plus que jamais d'être remise au goût du jour : La disponibilité.

Quand on a scellé une relation, on se retrouve dans une situation que beaucoup de couples connaissent tôt ou tard. Surtout quand la relation a déjà pris une certaine maturité, quand on est ensemble depuis longtemps - quand le couple a eu des enfants, la maison, la voiture, le chien, le poisson rouge, etc. Et que finalement, il peine à espérer mieux que ce qu'il a déjà.

Quand on a des enfants par exemple, l'existence du couple tend à se fondre dans la vie de famille comme une ombre dans la nuit. Le couple n'est alors plus qu'un duo de parents - parfois même il constitue une équipe performante dans tout ce qui attrait à la famille, que ce soit le budget des vacances ou la hiérarchie et la répartition des tâches ménagères. Mais le couple, en lui-même, a parfois du mal à subsister. Le minimum de la complicité d'antan n'est plus. On fonctionne plus ou moins en mode "automatique". On ne pense même plus en tant que "nous deux", mais en tant que "nous tous"...

Le couple s'il veut survivre à la vie de famille, doit s'autoriser à vivre.

Vous devez veiller, tous deux à maintenir un espace privilégié strictement interdit aux enfants (et accessoirement au monde). Cet espace n'est pas seulement physique. Interdire la chambre à coucher aux enfants ne suffit pas. L'espace dont nous parlons peut être physique; mais il doit aussi et surtout exister psychologiquement, émotionnellement un moment d'exclusivité pour échanger, sans les enfants et loin du monde. Un moment où vous parlez de "vous deux" et de votre relation seulement.

Les enfants, les factures, le travail, les habitudes, et le quotidien sont tous autant d'ennemis potentiels dont la capacité à annihiler en nous toute énergie sexuelle est redoutable.

Dans la vie d'aujourd'hui - pour un couple lambda, cette magnifique forme de communication - qu'est le sexe - peut à la longue s'apparenter à une sorte de résistance à l'indifférence face à laquelle il est difficile de ne tout simplement pas renoncer.

Pour maintenir ou raviver un peu la tension (et l'attention) entre vous, il faut savoir susciter le manque, l'envie voire la jalousie. Le manque se crée par l'absence. Il n'y a rien de pire qu'un couple qui fait tout, tout, tout ensemble - au point de ne même plus se regarder comme si l'autre était devenu un élément du décor général... S'aimer jusqu'à l'écoeurement est ainsi une erreur. Il faut savoir s'isoler l'un de l'autre. Plus ou moins régulièrement. Plus ou moins longtemps.

Tout le monde a besoin de passer du temps seul avec soi, c'est là d'ailleurs la véritable utilité du sommeil. Le couple ne doit pas être un moyen d'oubli ou de renoncement total à soi-même. Alors, il faut quelque fois s'en absenter pour y revenir. Prendre du repos, un congé marital dirais-je.

L'une des grandes erreurs des couples qui ont duré, est de considérer la relation comme acquise. C'est là qu'intervient l'intérêt ou la nécessité de la jalousie. La jalousie (saine) est en fait une peur de perdre l'autre. Il n'y a rien de plus efficace pour raviver le désir que l'impression que l'autre ne nous appartient pas. Susciter la jalousie peut être un rien dangereux mais s'avérer efficace si amener d'intelligente manière. En outre, tout comme la jalousie, l'envie se nourrit toujours nécessairement d'une part d'inaccessibilité. C'est inhérent à la nature humaine que de désirer ce qu'elle ne peut avoir.

Se faire rare est donc paradoxalement un moyen ultimement efficace de se rendre disponible voire indispensable.

Dans le couple, n'est-il pas intéressant et/ou effrayant de constater qu'il est bien plus facile de parler de sexe que de tendresse ? La chose est d'autant plus regrettable que les deux sont étroitement liés. Quand on parle d'énergie sexuelle, on ne parle pas QUE d'une énergie physique, on évoque aussi souvent une énergie mentale.

Assez rarement, malheureusement, on parle d'énergie émotionnelle. En effet, le sentiment de sécurité, l'habitude ou tout simplement le train-train font que l'on ne cesse de négliger les bonnes énergies émotionnelles tellement vitales à maintenir la tendresse. J'appelle la bonne énergie émotionnelle, les petits gestes insignifiants et les petits mots doux qu'on fait et dit sans y penser au début et qu'on cesse inévitablement de faire une fois qu'on s'en rend compte parce qu'on a regardé notre amour avec un autre regard que celui de la convoitise.

Se prendre la main ou par l'épaule, se masser le dos ou juste se toucher... Se dire des choses bêtes et naturelles comme bonne nuit, merci, à quelle heure tu rentres ? devient trop rare si l'on se laisse renoncer. C'est un peu ça qui se passe, on renonce. Pour aller contre cet abandon à l'automatisme et à l'indifférence, il faut installer de la discipline. La tendresse comme l'amour a besoin de rituels, de rites, de codes... Et de discipline. La discipline se nourrit de détermination et de patience.

Le même type de détermination et de patience nécessaires à celui qui une fois perdu en pleine nuit dans une région froide, n'a d'autre choix si il veut survivre que de faire (re)naître un feu avec les seuls moyens dont il dispose. Ce même type de détermination et de patience que doit mobiliser celui ou celle qui après une trop longue inactivité pantouflarde veut se remettre au sport à un rythme sérieux, ou pire cette personne qui après une grave maladie paralysante devra réapprendre à marcher, parler ou vivre simplement.

La vie dans de tels moments prend un sens et un goût bien différents. Osez.

Quand on aime et qu'on est aimé, on attend de manière implicite une chose qu'il est difficile de simuler, la présence. Quand je parle de la présence, je n'entends pas le fait d'être là. Je pense plutôt à une certaine qualité de la présence. C'est de cette qualité-là qu'est composée la tendresse. C'est une façon de manifester qu'on est spécifiquement là pour celui ou celle qu'on aime, de lui faire comprendre aussi qu'on sait et sent sa présence. C'est le fait de perpétuer le contact amoureux que des tas de couples ont littéralement perdu, en dépit d'avoir partagé le même lit des années durant. Perdre ce contact amoureux c'est un peu comme perdre pied dans notre propre histoire d'amour.

Le contact amoureux se vit à chaque instant où l'on oublie le temps même. Quand on est encore suffisamment attentif l'un à l'autre pour s'isoler de la réalité et réussir à vivre pleinement un moment passé ensemble, aussi insignifiant et fugace qu'il puisse sembler, comme si rien d'autre n'existait. Cette présence est la disponibilité dont je parle, celle-même qui entretient la tendresse et abolit le temps.

7. LA CRÉATIVITÉ

Nourrir de tels moments sur la longueur d'une vie peut sembler impossible, surtout pour les nouvelles générations. Pour la plupart des jeunes couples, l'amour ne s'apparente pas à un marathon mais à un sprint. Or tout ce qui différencie ces deux courses, est applicable à notre façon d'aimer.

Pour un sprinteur, l'un des enjeux cruciaux de sa performance réside dans la qualité de son départ. Plus il est explosif et puissant, plus ses chances de finir le plus vite possible, augmentent. Son plus haut niveau de concentration est juste avant le coup de feu de départ. Le sprinteur doit développer un très haut niveau d'accélération sur un laps de temps extrêmement court. Et dans ce combat éclair, il n'a même pas le temps de s'intéresser à ses adversaires. Le meilleur sera forcément le mieux concentré au départ, le plus explosif au décollage et puissant sur la distance. Tenir, ne regarder que devant soi - ne penser à rien - et accélérer jusqu'à la fin, si proche. Se pencher en avant à l'arrivée parce que la différence avec les autres est souvent minime.

Si le 100 mètres était une performance nocturne, ce serait bel et bien l'explosion la plus intense et lumineuse qui emporterait la médaille d'or de la visibilité.

Il n'en est rien pour le marathonien. Ce ne sont ni son départ ni son arrivée qui déterminent sa victoire, mais sa gestion de la course. Le marathon est un combat stratégique, la puissance n'y est d'aucune utilité. Seules l'endurance, la régularité et la connaissance (maîtrise) de soi font la différence. En effet, il faut bien se connaître pour être sûr de réussir à courir plus de 3 heures sans abandonner. Il est primordial de connaitre ses capacités réelles, ses points faibles et ses forces. La course de fond nécessite également une maîtrise certaine de ses propres émotions, parce que le marathonien contrairement au sprinteur ne cesse jamais vraiment de réfléchir. Il doit composer avec la douleur musculaire qui harcèle sa confiance, avec le doute qui questionne son endurance, avec les coureurs prétentieux qui partent vite (et lui donnent envie de faire pareil) puisque eux n'ont pas l'air de craindre les derniers kilomètres... Or, c'est sur la distance qu'on saura qui est le meilleur. En bannissant les regrets, en se refusant aux appréhensions et aux prétentions, le vainqueur est celui qui est parvenu à gérer son corps et son esprit en se concentrant sur l'essentiel et en éliminant le superflu. Le marathon, c'est l'humilité, la discrétion, la patience et l'annihilation de la pensée.

Le marathon est une course "de l'aube claire jusqu'à la fin du jour", un peu comme le mariage.

Tout au long de sa course, le champion doit boire beaucoup parce que le corps bien que performant se déshydrate régulièrement du fait de l'effort. Cette règle de base s'applique aussi, en vérité, à la relation de couple. Chaque gorgée d'eau est un peu comme un courant d'air frais qu'on lui insuffle. Pour cette raison, il faut une part de créativité. Une dose sérieuse d'absence de sérieux.

En amour, le lâcher-prise contribue à nous rendre plus créatif parce qu'il nous débarrasse de nos angoisses nées de nos propres interrogations du passé et du futur.

Nous bloquons ce qui est le plus riche en nous, notre élan créatif, entre deux impossibilités : corriger l'histoire et prévoir l'avenir.
Ces deux illusions forment ainsi deux murs qui nous emprisonnent. Ces murs n'existent pas vraiment, mais notre ego repu de certitudes se refuse à le voir tant qu'il ne regarde pas où il se trouve vraiment, ici et maintenant.

Parfois, il faut juste aller à ce qu'on ressent. Seulement faire ce que nous inspire le moment. Essayer de pleinement profiter de l'instant sans trop réfléchir à hier ou demain.

À cet égard, l'une des choses les plus incapacitantes dans l'amour, c'est justement l'autre - celui ou celle qu'on aime. Notre obsession de nous soumettre à la norme de l'autre, de nous coordonner à notre partenaire pour lui plaire ou pour former enfin un vrai couple fonde la plupart de nos problèmes futurs (et passés). Je crois que pour vraiment aimer correctement, il faut demeurer libre de l'autre car tout est foutu une fois que nous sommes devenus prisonniers l'un de l'autre. Quand le couple devient un système carcéral dans lequel plus rien ne s'exprime, plus rien ne naît et plus rien ne se crée - c'est foutu.

Si votre couple ne vous stimule pas un tant soit peu, fuyez chers amis.
Mais si vous décidez de rester, alors ré-écrivez chaque ligne qui ne vous convient pas. Corrigez, gommez, améliorez, faites et refaites. Entraînez-vous, testez-vous, défiez-vous. Armez-vous de patience et d'humilité, et ensemble construisez le truc tel qu'il vous (con)vient. Faites-le ensemble ou seul car même le couple peut avoir besoin d'un.e leader. Faites-le d'abord, pour vous (deux).

La créativité démontre notre volonté d'aller plus loin avec la même personne. Cela consiste à se donner une chance d'en savoir plus, car il n'est d'erreur plus orgueilleuse que celle de croire parfaitement connaître un être humain sous les prétextes qu'on se donne habituellement (expériences, cohabitation, observation, lien familial, témoignages, etc).

Il suffit de vivre une expérience totalement inédite dans sa vie pour se découvrir de nouveaux talents ou de vieux défauts. Quoi qu'il en soit, la nouveauté ne peut pas faire de mal. Embrassez donc toutes les richesses et dimensions de votre propre âme, et faites en profiter le plus grand nombre à commencer par celui ou celle qui a su soupçonner tout cela, en vous.

(Lire la première partie de l'article.)

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