Comment appliquer la règle des 3 S dans son couple ? (PART 2/3)

2. LA SOUTENIR

Soutenir la personne que nous aimons est un engagement qui dépasse l'amour car il fait appel à une part de nous-même qui est presque constamment sollicitée dans le couple mais qui demeure étrangement presque toujours au placard.

Cette part de nous si négligée est notre humilité.

De manière générale, il est difficile voire impensable pour un homme de s'effacer derrière une femme pour mieux l'encourager, la pousser, la conseiller dans ce qu'elle entreprend... De même qu'il est plus que rare de voir des hommes mettre leurs ambitions personnelles au second plan pour s'investir dans les projets de leurs partenaires.

Ce n'est malheureusement pas trop dans nos moeurs. J'en veux pour preuve la masse d'hommes qu'on peut voir dans les sphères du pouvoir politique et économique, dans des postes à responsabilité, en situation de commandement à tous les niveaux de la société – invariablement soutenus par des épouses aussi dévouées que discrètes.

Il est communément admis qu'une femme doit se plier en quatre pour accompagner son époux/compagnon/partenaire dans son ascension vers le succès. Mais observer ce comportement de la part d'un homme sera salué comme une marque de noblesse, de courage... De grandeur d'âme même !

Pourquoi ?

D'après notre environnement culturel, l'humilité serait une qualité plus féminine que masculine. L'arrogance, en revanche, est considérée comme un caractère naturel de la gente masculine. On attend d'une femme qu'elle soit soumise (à l'autorité), et d'un homme qu'il soit sûr de lui (afin d'incarner cette autorité). L'éducation que nous recevons et la société en général – pour l'instant – ne semblent pas apporter la moindre dissonance à cela ou très peu ou de manière tout à fait superficielle voire hypocrite. Pour cette raison, il est banal de voir une femme faire le sacrifice de ses desiderata pour son homme. Les femmes font ce qu'on attend d'elles (...comprendre ce qu'une certaine pression sociale attend d'elles) et ce depuis le plus jeune âge.

Encore une fois, les choses sont amenées à changer. Les femmes ont changé. Et les hommes tendent à prendre des décisions plus lucides et intelligentes pour leur couple. Parmi ces décisions, le fait de penser moins à eux et plus à leur partenaire, constitue une évolution conséquente dans leur façon d'appréhender la relation. Les femmes d'aujourd'hui sont par ailleurs bien plus exigeantes que leurs mères, leurs grands-mères et leurs arrières-grands-mères. Et chose déterminante, elles disent, clament, haut et fort ce qu'elles veulent vraiment. Dans ce contexte, il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre... sa femme !

Pour aller plus loin encore, l'on dira qu'aujourd'hui - être à l'écoute d'une femme, en particulier la sienne, est le postulat relationnel de l'homme moderne. Être un homme dans son incarnation la plus sophistiquée consisterait, selon notre compréhension, à pouvoir se remettre en question. Chose d'autant plus révolutionnaire qu'elle est rare.

L'homme moderne doit comprendre et intégrer une chose encore très récemment impensable, la possibilité et même la probabilité qu'il puisse être de trop dans l'équation. Si l'on voulait être trivial, nous dirions que les femmes se démerdent très bien toutes seules et que la jadis providentielle intervention masculine, dans tout ce qui les concerne de l'ouverture d'une bouteille à leur façon de penser, s'apparente plutôt aujourd'hui à des reliquats de cette bonne vieille domination patriarcale.

L'humilité est une valeur puissante et c'est au sein du couple qu'elle peut prendre sa pleine dimension. Pourquoi ? Au sein du couple, on tend à perdre certaines de nos meilleures qualités pour prendre quantité des pires défauts. La bonne nouvelle est que ces défauts qui n'en sont pas vraiment, sont davantage imputables à de mauvaises habitudes envers l'autre et d'une certaine manière, envers soi-même qu'à une vraie nature MÂLéfique.

Comment corriger les dites habitudes néfastes ?

Comme pour le corps et l'esprit, nos coeurs ont besoin de décrassage, d'exercices et d'efforts –­ de pratiques et de rituels que l'on se doit d'accomplir à un rythme régulier pour que l'ensemble demeure sain et performant. Les meilleurs des hommes sont ceux qui traitent le mieux leurs partenaires au quotidien.

Les exercices qui consistent à encourager les rêves, à accueillir les lubies, à panser (et sans nul doute penser) les plaies, à accompagner dans les pires comme dans les meilleurs moments sont malaisés s'ils ne sont pas naturels. Or, est naturel, ce qui compte et a du sens. Et pour que ces actes comptent et prennent du sens, il faut se donner le temps de pleinement les enraciner. C'est dans la durée, que les choses valables se réalisent. Et penser (correctement) est déjà un acte (salutable).

Parmi les autres actes, il faut commencer à écouter plus. Pour réussir cela, il suffit de parler moins. Même quand on croit avoir raison. Entendre et recevoir – je dirais même accueillir – les reproches, sans se défendre pour une fois. S'excuser, revenir vers elle, même quand c'est elle qui a tourné le dos la première ou si c'est elle qui a provoqué la dispute. Parfois, une femme a juste besoin qu'on soit cette oreiller ou ce matelas chaud et confortable qui accueille à bras ouverts et en silence.

La véritable humilité se nourrit essentiellement de patience, parce que le véritable soutien n'a de sens que lorsqu'il a été éprouvé. Je parle de patience pas de passivité. La différence entre la patience et la passivité, c'est que tôt ou tard la passivité finit toujours par se révolter et exploser, brûlant et détruisant tout. La passivité se nourrit d'air et de feu, la patience se nourrit d'eau et de terre.

La passivité n'apporte rien à l'un ni à l'autre – impalpable et inexpressive comme l'air, elle est un feu endormi qui ne demande qu'à se réveiller. La patience peut être vaste, profonde et sans mémoire comme l'océan, elle est une terre qui recevant maux et détritus, est toujours capable d'offrir fruits et bienfaits.

Le véritable soutien compte beaucoup plus aux yeux de tout un chacun si il est porté par celui ou celle qu'on aime. Le soutien existe alors par la nature et la qualité même du lien qu'il tisse entre vous. Se sentir appuyé(e) dans une entreprise incertaine quelle qu'elle soit – comme vaincre son bégaiement, créer son entreprise, perdre du poids, trouver un emploi, accoucher, adopter, apprendre à conduire ou danser – fait indubitablement pousser des ailes et renforce assurément la relation. Ce qui nourrit les unions fortes sont les actes de patience répétés face aux épreuves, des actes accomplis au présent sans assurance aucune quant aux réponses que leur réserve l'avenir.

Ainsi, beaucoup de couples se transcendent et se renforcent par un soutien mutuel à un instant T. Ce qui les lie est alors bien plus solide que la confiance, plus beau que la complicité, plus profond que l'intimité. C'est un amour plus puissant que les autres. C'est ce qui vient généralement après qu'on ait renoncé à soi-même pour l'autre. Quand vous avez vu votre partenaire dans les pires moment (et réciproquement), que cela ne vous a pas fait tourner les talons, vous avez alors pleinement conscience que certaines choses ne prennent véritablement du sens et de la valeur que lorsqu'on les risque au poker de la vie. Nietzsche ne disait-il pas que ce qui ne nous fait pas mourir nous rend plus fort ?

Ceci étant dit, pour pouvoir soutenir quelqu'un, il faut en avoir les capacités. Je dis bien LES capacités, parce que ce soutien peut revêtir plusieurs aspects et que ceux-ci soient d'ordre physique, mental, spirituel, émotionnel, économique ou autre, on ne peut pas toujours savoir quelles sont vraiment nos limites. Il est plutôt difficile de dépasser les frontières que l'on s'est établi durant notre expérience de vie. La plupart des gens n'en ont d'ailleurs même pas envie, pour personne. Cependant, le soutien est une signature sans comparaison aucune de la valeur que l'on accorde à quelqu'un. Ainsi il demeure et dure longtemps quand il est sincère.

La sincérité est la racine de tout soutien mais son tronc est constituée de patience.

(Lire la première et la dernière partie de l'article.)

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