Êtes-vous "addict" au sucre ? Les signes qui doivent vous alerter

Si les aliments sucrés sont réconfortants, ils peuvent devenir de véritables drogues au quotidien. Deux experts expliquent comment déceler une dépendance et comment s'en débarrasser.

Depuis quelques années, le sucre est mis au banc des accusés. Et pour cause, la poudre blanche peut rendre les consommateurs dépendants, comme l'a démontré une étude du CNRS de Bordeaux en février 2015. Les chercheurs avaient ainsi montré sur des rats que le sucre pouvait être aussi addictif que la cocaïne.

On parle ici des sucres rapides, différents des sucres lents contenus dans les céréales, les légumineuses, le pain etc. Ils peuvent être naturels (on les trouve dans les fruits ou le miel, par exemple) ou raffinés, comprenez transformés (contenus dans le soda, les plats industriels, les pâtisseries...). Si les premiers sont indispensables à l'organisme, les seconds perdent tout intérêt nutritif lors de la transformation industrielle et conduisent, lorsque l’on en consomme trop, à de l’obésité, du diabète ou encore des maladies cardiovasculaires.

Repérer les signes de dépendance

Comme de nombreuses addictions, la dépendance au sucre est un phénomène progressif. Laurent Chevalier, médecin nutritionniste et auteur de Alors, on mange quoi ? (1), aime à résumer le phénomène par cette phrase populaire : «Le sucre appelle le sucre». On peut ainsi basculer dans l'accoutumance sans même s’en rendre compte, simplement par une alimentation trop sucrée. Passage en revue des éléments révélateurs.

Le sucre est pour vous un réconfort

Pot de glace pour se consoler d'une rupture, guimauve en chocolat pour se donner du courage... Le sucre peut faire figure de refuge lorsque l’on va mal. Durant sa carrière, le Dr Laurent Chevalier confie avoir observé que «les personnes attirées par les saveurs sucrées ont souvent une plus grande fragilité émotionnelle que celles attirées par le salé.» Un constat corroboré par la nutritionniste Catherine Lefebvre, auteure de ​Sucre, vérités et conséquences (2) : «Il ne faut pas oublier que la dépendance au sucre peut être liée à des causes physiologiques mais aussi psychologiques. Certains mangent leurs émotions». Ainsi, celles et ceux qui se définissent comme étant plutôt sucré que salé peuvent parfois présenter un terrain favorable à la dépendance.

Vous ressentez un besoin irrépressible de manger du sucre

Bien que la frontière entre les deux soit ténue, il ne faut pas confondre gourmandise et dépendance alimentaire : «Il faut distinguer l’envie du besoin», précise Laurent Chevalier. On peut se passer d’une envie alors qu’un besoin est par définition irréfrénable. «Il y a une différence entre aimer une pâtisserie, que l'on déguste passionnément à l'occasion, et avoir une envie incontrôlable et presque quotidienne de manger du sucre, quel qu'il soit» illustre Catherine Lefebvre. Pour la professionnelle, le marqueur fondamental de la dépendance est donc la recherche frénétique et la «consommation compulsive» d'aliments sucrés.

Vous êtes anxieuse lorsque vous n'en mangez pas

Le stress, la déception et l'agacement lorsque l'on a pas sa dose sont très révélateurs. Catherine Lefebvre explique que les personnes accros ont souvent des comportements apparentés à la plupart des formes de dépendance comme «le sentiment d’anxiété lorsque la substance en question n’est pas disponible.»

Une privation de sucre vous donne envie de compenser

En supprimant les douceurs sucrées de son alimentation, on est tenté de se jeter sur les pizzas, burgers et de se resservir. Un autre phénomène qui doit retenir l’attention, selon Laurent Chevalier : «Lorsque les gens essayent de diminuer leur consommation, ils ont tendance à compenser en mangeant plus afin de retrouver le même niveau de satisfaction».

Comment rompre avec son addiction ?

Comme conseillé par le Dr Chevalier, on peut commencer par remplacer les sucres rapides par des féculents comme le pain, les céréales (riz, blé, seigle, avoine...) et légumineuses (lentilles, pois, fèves…), en veillant à privilégier les féculents complets. Le corps aura besoin de compenser, le médecin recommande donc de prendre une collation à 11heures et 17 heures. «Les seuls sucres rapides autorisés seront ceux qui se trouvent dans les fruits frais, les jus de fruits pressés maison et les compotes sans sucre». Les autres seront réintégrés dans l'alimentation par la suite, progressivement. Il va de soi qu'à partir d'un certain niveau de dépendance, un accompagnement par un professionnel de santé est nécessaire.

Des astuces pour réduire sa consommation

On peut aussi simplement vouloir diminuer sa consommation afin de préserver sa santé. Dans ce cas, la première règle à suivre est de ne pas l'exclure de son alimentation mais de se déshabituer progressivement. Dans un précédent article, Déborah Ohana, diététicienne nutritionniste et spécialiste des troubles du comportement alimentaire, affirmait que la privation conduit à manger en excès dès que l'on s'autorise un écart.

Une bonne hygiène de vie permet évidemment d'éviter de se jeter sur les sucreries. Enfin, mieux vaut bannir de son assiette tout produit estampillé «allégé en sucre»- ils contiennent généralement plus d'additifs- et tout produit industriel. Mieux vaut donc préparer ses plats et surveiller les étiquettes des produits que l’on achète.

Un article de Cécile Bertrand paru le 25 janvier 2017 sur madame.lefigaro.fr.
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